Raphaël est un aventurier des temps modernes. Après 2 années à parcourir l’Australie de long en large, il nous propose un carnet de voyage, témoignage des 1001 expériences à vivre en PVT Australie avec humour et justesse.
Le parcours de Raphaël
Salut Raphaël, peux-tu te présenter ?
Fils de militaire, bouger a toujours fait partie de ma vie. Afrique, Nouvelle-Calédonie, Pays Basque… La nostalgie de ces longs séjours m’est revenue à la figure à la fin de mon Master de droit.
Ne sachant pas trop quoi faire à l’époque, nous sommes partis avec deux amis explorer la Cordillère des Andes et l’Amazonie, entre autres. Ce fut le déclic. J’ai décidé alors de troquer le code pénal pour celui de la route… bien moins liberticide à mon goût !
Qu’est-ce qui t’a amené à partir en Australie ?
Venant tout juste de résilier mon contrat en tant que soldat-parachutiste et ne sachant toujours pas quoi faire, le choix s’est imposé de lui-même. Ayant un goût prononcé pour le sport, les grands espaces, la mégafaune, la camaraderie, le bivouac, l’envie de disparaitre ainsi qu’un désir ardent de liberté décuplé par mon séjour à l’armée…
L’Australie est apparue salvatrice. Une école de la vie formidable où cette fois-ci le sergent-instructeur ne sera pas là pour dicter ma conduite.
Avais-tu des craintes à partir en solo ?
Pas vraiment. Bien que souvent bien entouré, je suis plutôt solitaire. Toutefois, me remémorant l’envol pour l’Australie, j’ai le souvenir d’avoir été terrorisé à l’idée de prendre l’avion pour un pays dont je ne parlais pas la langue et ne savais pas ce que j’allais y faire. Je me revois dans la file d’attente, répétant dans ma tête « mais qu’est-ce que je fous là ? ».
Puis tout est allé très vite, si vite que je n’ai pas eu le temps d’y repenser. Avant même de m’en rendre compte, j’avais déjà pris le rythme du pays.
Tout ça pour dire qu’entre vivre ses rêves et ne pas les suivre à cause de problématiques qui n’en sont pas, il est souhaitable d’arrêter de se questionner et de foncer. Faites-vous confiance et ne sous-estimez pas votre capacité d’adaptation, elle est extraordinaire.
2 ans d’aventures en Australie
Peux-tu nous raconter ton parcours en WHV Australie ?
L’arrivée à Perth est déstabilisante. Un appel improbable et la rencontre d’un SDF aborigène m’incite à m’envoler pour un trou perdu, à 3000 km de là. Accueilli par une communauté asiate, j’apprends l’art de la cueillette à l’instar du kung-fu et devient coach sportif d’un gamin cancéreux.
Trois mois plus tard deux belges débarquent et m’embarquent, c’est la débandade. Après m’être imposé une dure rigueur je découvre alors les prémices de la liberté, les joies du bivouac et surtout Lili, une jeune allemande frisant la folie.
Nous mettons les voiles pour la Tasmanie, c’est la saison des cerises. Puis très vite celle du road trip, où nous explorons les courbes envieuses de la Tasmanie à la recherche du wombat aux fameuses Craddle Mountains, lorsqu’on n’est pas en train de nager avec les ornithorynques ou de chasser les wallabies au sniper à l’arrière du pick-up de Big men.
Remontant la côte-est, je prépare ma rentrée de cueilleur professionnel, spécialité agrume, avant que le père de Lili ne nous rejoigne pour le road trip du siècle. Ancien Backpacker, il nous invite à donner le meilleur de nous-même tout en évitant les crocodiles marins et lorsqu’il repart, nous nous fixons l’objectif d’atteindre l’immensité de l’Outback, malgré un accident et avoir été remorqué par un road train.
De retour au Queensland j’obtiens une place de superviseur au sein d’une équipe d’élagueurs, il est temps de faire le point autour d’une partie de pêche. Des jeunes sont en train de balancer une carcasse de kangourou dans une rivière infestée de requins bouledogues et je me dis alors qu’on devrait tous avoir la chance de vivre une telle expérience. C’est génial !
Avais-tu imaginé un tel parcours avant ton départ ?
Le plan de départ était de m’en mettre plein les poches à Perth tout en validant mes jours de fermes, puis de traverser l’Outback à pied, afin notamment de réfléchir à la vie. Je n’ai rien fait de tout ça.
Planifier un tel voyage est, je pense, impossible. Les rencontres, omniprésentes, modifieront vos projets à longueur de journée. C’est incroyable, et sûrement l’une des plus belles choses dont il est possible de jouir en voyage.
Le mieux est donc de s’écouter, mais surtout de se laisser aller. L’ Australie se charge de reste.
Travail à la ferme en Australie : les bons conseils de Raphael
Tu as enchainé les boulots à la ferme. C’était un choix ? Ou juste pour valider le 2e visa ?
Les deux, ou devrais-je même dire les trois. Etant rustique et cherchant une sorte de « défouloir » à ma frustration de la vie, un travail physique ne requérant aucune compétence particulière ni une pratique courante de l’anglais me convenait très bien.
En second lieu, ma priorité consistait à valider mes jours de fermes le plus rapidement possible, afin d’être en paix et tranquille pendant deux ans au cœur de cette folle immensité.
Le troisième point, et c’est ici que je veux en venir lorsque je disais plus haut que « l’Australie se charge du reste » : bosser en ferme a été le kif total.
Attention, il s’agit-là d’un constat personnel. Nombreux « subissent » le travail en ferme, ne font cela que pour valider leur visa ou parce qu’ils n’ont pas d’autres choix. De mon côté j’ai accroché direct, et n’ai fait que ça durant deux ans. Trois en comptant la Nouvelle-Zélande.
Les raisons sont nombreuses, mais outre une certaine facilité (« la simplicité est la sophistication suprême ») j’y ai trouvé une sorte d’exutoire, un mode de vie que j’apprécie, qui me surprendra toujours et auquel je dois beaucoup, passionnément… C’est la folie !
Travail à la ferme : graal du renouvellement de visa
Si vous partez en Australie grâce au Permis Vacances Travail, il faut savoir qu’il est possible de renouveler celui-ci pour 1, voire 2 années supplémentaires. La condition : valider un minimum de 88 jours de travail dans un domaine éligible.
Le travail à la ferme fait partie de ces domaines éligibles. De nombreux backpackers cherchent ainsi à valider rapidement leur quota de journées pour prolonger leur visa australien.
Y’a-t-il un conseil que tu donnerais pour un futur fruit picker en Australie ?
Le premier est d’analyser la ferme et son patron avant d’y bosser. Prenez le temps et parlez argent sérieusement, car il est bon de viser la saison entière. Une semaine par-ci deux semaines par-là n’est pas vraiment opportun. Il faut le temps de choper la technique, mais je trouve surtout que c’est perdre du temps et de l’argent. Deux choses bien précieuses pour un Backpacker.
Et n’hésitez pas à en trouver une autre si votre « instinct » vous pousse à vous barrer, même si c’est pénible. En Australie il y a des fermes partout, trouvez le fruit et le patron qui vous conviennent.
Le monde des Backpackers Australie : le livre
De ce PVT Australie est né un carnet de voyage qu’on a adoré chez Kowala ! Peux-tu nous raconter ce qu’on y trouve ?
L’objectif est que le lecteur me suive, au jour le jour, durant deux ans et expérimente la réalité de la destination. Qu’il vive l’expérience du dépaysement.
Un monde à part et qui me semble judicieux de décrypter sous l’égide du Backpacking : un art mêlant entraide, rusticité et joie de vivre ! Criminologue de formation, l’investigation est poussée afin que les lecteurs (et les lectrices !) emmagasinent une quantité folle d’informations sans l’impression de suivre un cours d’histoire ; un transport en terre inconnue alors que je propose une nouvelle dimension au voyage : une immersion totale sous fond de bienveillance.
Le monde des Backpackers en Australie
Vous pouvez vous procurer le livre de Raphael dans vos librairies, à la Fnac ou en ligne sur Amazon
Qu’espères-tu que ce livre apportera à tous tes futurs lecteurs ?
Il s’agit d’inspirer les millions de Backpackers qui parcourent et vont parcourir notre planète, ceux qui raccordent les pays et les grands ensembles. Une base solide qui peu à peu gangrène l’industrie du tourisme et pour qui voyager permet de prendre le pouls d’un pays.
Dans un monde où nous devons, plus que jamais, prôner la sobriété, quoi de mieux que le Backpacker pour expérimenter cette évolution bienvenue ? Que cet électron libre et dynamique qui se trimballe en portant l’espoir du monde dans son sac à dos ?!
Cela exige cependant de sortir des sentiers battus et de partir à la rencontre de la Terra Australis, la vraie. Des immensités de sable rouge de l’Outback, terre sacrée des Aborigènes, aux plages vierges bordées de lagons, en passant par les jungles primitives où cohabitent d’étranges espèces telles que l’ornithorynque, l’Australie a tout d’un paysage jurassique attractif, d’un monde perdu dans lequel on se perdrait volontiers… Le temps que l’on y passe doit être rentabilisé au maximum.
L’après PVT : l’art de bien gérer le retour
Se sent-t-on changé après un tel voyage ?
J’ai appris une langue nouvelle, partagé avec différentes cultures, découvert la tolérance, l’envie d’apprendre, de se dépasser dans ce qu’on aime, qu’il n’y a pas de limites, qu’il faut éviter de parler de ce que l’on ne connait pas, qu’on a qu’une vie, qu’il faut oser, qu’avoir un rôle dans ce monde est essentiel.
Mais aussi qu’il faut s’appuyer les uns sur les autres, qu’il existe des gros connards, qu’il existe des gens exceptionnellement bien, qu’avoir confiance en soi est plus facile lorsqu’on est bien entouré, que l’on est unique, que nos capacités sont illimités, qu’il faut se sortir les doigts pour mériter la vie que l’on mérite, que l’on pense tout avoir alors qu’on a rien, que l’on pense ne rien avoir alors qu’on a déjà bien plus qu’il n’en faut…
J’ai appris que l’aventure c’est bien mais que l’amitié, c’est mieux. Une amitié construite dans l’adversité, l’aventure, le partage et le respect. Et ça je n’ai fait que le survoler à l’université, alors que le voyage m’a permis de prendre mon envol. La voilà la différence.
Digère-t-on correctement le retour ?
Le retour ne doit pas être sous-estimé, car comprenez bien qu’il faut parfois plusieurs mois avant de réellement « revenir ». Le corps est là mais l’esprit est encore en vadrouille, loin, nostalgique… désireux de repartir au plus vite dans ces endroits merveilleux où il pouvait donné libre court à son infini potentiel.
Ce que je conseille et qui a fonctionné pour moi, c’est de s’établir un moment dans un environnement où on se sent à l’aise pour penser, et de ne pas se lancer dans dix milles projets à la fois, de prendre le temps de se stabiliser et de partager son ressentis.
Prendre une feuille et faire le bilan de toutes les compétences emmagasinées, des choses qui nous ont touché, des projets auxquels on aimerait participer, se projeter dans quelques mois… Bref, rester actif tout en ayant conscience que le retour à la réalité n’est point facile.
La vie de Backpacker est extrêmement prenante et y mettre fin soudainement revient à mettre un toxicomane en cure forcée. C’est parfois brutal, mais vous savez quoi ? À la différence de l’héroïne le voyage est une drogue saine, et rien ne vous empêche de rechuter lorsque bon vous semble !
La vie de Backpacker est extrêmement prenante et y mettre fin soudainement revient à mettre un toxicomane en cure forcée.
Raphaël, sur le sentiment du retour
Quelle est la suite de tes projets ?
Promouvoir le Backpacking pardi ! raison d’une parution chaque année, l’objectif est de publier aux éditions Souffles Littéraires une dizaine de carnets de voyage avant mes quarante ans (Ouch !!!).
Rencontrer Raphaël au prochain salon du Livre à Paris
Si vous souhaitez rencontrer Raphael et discuter avec lui de backpacking, de l’Australie ou du voyage avec un grand V, il participe au prochain salon du livre du 22 au 24 avril prochain.
N’hésitez pas à y faire un tour !
Le prochain ouvrage paraitra courant 2022 et sera dédié au berceau de la culture maori : la Nouvelle-Zélande. Vivement ! En attendant vient de sortir « le guide du Backpacker » : psychologie, adaptabilité en tous milieux, joies du bivouac, glanage urbain, transport confection du sac, voyage à moindre coût…
Outre l’aspect pratique, ce guide vise aussi à passer un message : la nécessité de voyager autrement.
Les bons plans et coups de cœur de Raph
Ville favorite en Australie ?
Cairns
Région à visiter coûte que coûte ?
La Tasmanie, of course !
Visite qui t’a le plus marqué ?
L’Outback.
Animal australien préféré ?
Le lézard à collerette ou dragon d’Australie.
Où l’observer ?
Arboricole, il vit dans les savanes arborées et les forêts tropicales.
Meilleur fruit à ramasser ?
La cerise.
Le pire des fruits ?
Mmmmmm… la fraise. Pas bon pour le dos et la paye est souvent mauvaise.
Meilleure méthode pour décrocher un job de fruitpicking ?
Le porte à porte.
Meilleure paye obtenue en Australie ?
400$/jours. (mandarines, mais c’est du sport !)
Objet le plus utile en PVT Australie ?
Un couteau. L’avoir toujours sur soi vous mettra dans l’ambiance. On n’est pas au club Med ici.
Ce que tu aimes le plus chez les Australiens ?
Le fait de se balader pieds nus ou en claquettes, qu’ils se fichent des conventions.
Ce que tu aimes le moins ?
Leur tendance à la surconsommation.
Tradition australienne que tu as le plus aimé ?
Le barbecue érigé en institution.
La plus étrange ?
Que le criquet soit si populaire.
Citation favorite de backpacker ?
» Explore the Possibilities ! « . C’est aussi la devise de la Tasmanie que vous verrez sur toutes les plaques de circulation là-bas !
Un livre à lire ?
« J’ai réveillé le tigre », de Sarah Marquis.
Un mot pour ceux qui hésitent à partir ?
Qui Oz gagne !
De notre côté, nous vous recommandons chaleureusement de découvrir les carnets de voyage de Raphaël. Disponibles dans vos librairies, ou sur Amazon :
- Le Monde des Backpackers – Australie
- Le monde des Backpackers: Nouvelle-Zélande
- Le guide du Backpacker (exclusivement sur Amazon)