J’aimerais parler d’une arnaque à l’emploi (malheureusement courante) dans laquelle je me suis retrouvée lors de mon PVT en Australie, 2 ans en arrière.
- La mise en place de l'arnaque
- L'arrivée à Mildura : le piège se referme
- Payer pour travailler : quand ça sent le roussis
- Le job que tu ne verras jamais
- Peur, menaces et espionnage : une recette qui fonctionne
- Prêt à tout pour un second visa WHV
- Comment éviter de tomber dans ce genre de piège ?
- Comment réagir face à une arnaque à l'emploi ?
Pourquoi le diffuser uniquement aujourd’hui ? Après quelques recherches sur le web, je me suis aperçue que la personne qui m’a arnaqué sévit toujours. J’espère sincèrement que cet article portera conseil à ceux qui souhaitent travailler dans les fermes en Australie et ainsi stopper ce genre d’arnaque.
La mise en place de l’arnaque
Comme tout bon backpacker, j’ai eu besoin de trouver un travail en Australie après quelques semaines à voyager à travers le pays. J’ai alors répondu à une annonce plutôt alléchante sur le groupe des Pvtistes sur Facebook. Un français « backpacker » était à la recherche de plusieurs personnes pouvant venir travailler à Mildura le plus rapidement possible (apparemment, le picking des oranges commençait dans cette région).
La paie était de 15 dollars par heure et le travail permettait d’obtenir son second visa. J’ai eu à plusieurs reprises cette personne au téléphone pour m’assurer qu’il y avait bien du travail et qu’il ne s’agissait pas d’une arnaque (la ville de Mildura étant réputée pour ça).
Ce contact m’a vendu ce boulot comme jamais et il m’a assuré un travail le lendemain de mon arrivée. Je me suis dit : c’est un backpacker Français comme moi, en principe entre « compatriotes » on peut avoir confiance ; naïve que j’étais… Une fois mon billet d’avion prit, j’ai dû lui confirmer ma venue en lui envoyant le justificatif de mon vol afin qu’il puisse me réserver un lit. Jusque-là, rien ne m’étonne réellement.
L’arrivée à Mildura : le piège se referme
En arrivant à l’aéroport, un autre français me récupère sur place et m’amène dans le van du fameux « contractor » Don, mon patron et gérant de la « sharehouse » (maison commune) dans laquelle je vais vivre.
Qu’est ce qu’un contractor ?
De nombreux fermiers australiens font appel à des contractors pour le recrutement de leur main-d’œuvre. Ce sont des sortes d’agents de recrutements indépendants servant d’intermédiaires entre les demandeurs d’emplois agricoles et les fermes. Le contractor devient alors le seul gestionnaire de la main d’œuvre, des planings et des rémunérations (payes au rendement le plus souvent).
Don est aussi en charge de nous trouver du travail. On me décrit tout de suite le personnage comme quelqu’un de parfois nerveux et pouvant avoir des réflexions mal placées à l’égard des filles. Cette première nouvelle ne me réconforte guère et je finis vite par valider cette description à la minute où je le rencontre : un vrai macho, lunettes de soleil, tatoué sur tout le corps, cheveux longs tressés se terminant par une superbe queue de rat, la bedaine… Allusions sexuelles tout le long du voyage, mais pas de crainte à avoir, je suis entourée d’autres Backpackers, semblant contents d’être ici et puis je me dis que je n’aurais pas à le voir tous les jours.
Payer pour travailler : quand ça sent le roussis
Petit détail ayant son importance : avant de me déposer dans mon nouveau lieu de vie, et sans vraiment me donner le temps de réfléchir à la légalité de la chose, Don exige le versement de 450 dollars. Cette somme correspond aux 300 dollars pour 2 semaines de « loyer » et 150 dollars de caution pour avoir le droit de travailler.
Une fois la somme donnée, je me fais accueillir par mes nouveaux colocataires. Nous sommes une vingtaine à y vivre (mais la maison pourrait accueillir jusqu’à 30 personnes de plus), l’ambiance semble cool, toutes les nationalités sont réunies.
L’idée de vivre une belle expérience façon auberge espagnole s’écroule rapidement après avoir discuté avec quelques personnes arrivées il y a quelques jours dans la maison.
Le job que tu ne verras jamais
On me le fait savoir clairement : il n’y a pas de travail et je suis bien tombé dans une arnaque !
En gros, nous sommes 50 à être dans les logements fournis par Don et seulement 5 personnes travaillent par jour. Impossible de récupérer son argent si tu souhaites partir, tu es donc bloqué dans cette « sharehouse » pendant 2 semaines (si tu ne craques pas et ne décides pas de partir avant) à attendre un boulot en vain.
Après une semaine, j’avais seulement travaillé 4 h et gagné 60 dollars, pas même de quoi rembourser mon loyer… Et pour le peu de temps où je suis restée dans la maison, j’ai pu voir des choses qui auparavant m’auraient semblé complètement abstraites et juste impensables.
Peur, menaces et espionnage : une recette qui fonctionne
Dans cette escroquerie, ce qui m’a peut-être le plus choqué n’était pas le vice de ce contractor mais la complicité qu’il est parvenu à obtenir de ses propres victimes.
Dans la maison, des backpackers font en effet office « d’espions » et rapportent chaque faits et gestes de chacun à Don. Par exemple, dès qu’une personne part de la maison, Don doit tout de suite être au courant de leur départ afin de trouver d’autres personnes pour les remplacer. C’est ici qu’entrent en jeu les « anciens » de la sharehouse. Je ne sais pas pour quelles raisons, ils aident Don à alimenter son trafic. Pot de vin ? Sûrement ! J’apprends par la suite que la personne qui m’a vendu ce job se charge des recrutements et reçoit 10 dollars pour chaque booking effectué. Une bien triste rançon pour faire le jeu du diable !
Pour ceux qui ne se rallient pas à ses côtés, la loi du silence est reine. Et en cas de rébellions, les menaces prennent le relai. Je me rappelle encore de cette soirée où j’ai failli être virée de la maison vers 22 h, car j’avais osé le contredire. En effet, tu n’as aucun droit sur les lieux que tu as payé, ce n’est pas ta maison, mais la sienne.
Les rouages de l’arnaque
S’il souhaite te virer du jour au lendemain il peut le faire, et il l’a déjà fait. Comment ? C’est la question que je me posais au départ. Son affaire est bien ficelée ! Lorsque tu arrives sur place, tu signes un papier qui stipule que les 300 dollars payés d’avance servent non pas au logement, mais uniquement en acompte pour les recherches de travail. Ce qui veut dire qu’il t’offre le logis gratuitement. Par conséquent, il est dans le droit de te virer, à son bon vouloir. À ce moment-là, tu perds non seulement ta caution, mais aussi toutes les nuits préalablement payées et tu n’as absolument rien à dire, car tu n’as aucune preuve !
Le vice du personnage va jusqu’à l’organisation de « joyeux » barbecues toutes les semaines. L’ambiance y est extrêmement pesante, il insulte les gens à longueur de temps. Mais si tu ne souhaites pas venir, il ferme à clé la maison et tu te retrouves à la rue, le temps qu’il décide de revenir pour t’ouvrir.
Prêt à tout pour un second visa WHV
Le pire dans tout ça, c’est que son marché tourne du tonnerre. La maison était quasiment toujours remplie. En moins de deux semaines, j’ai vu plus d’une vingtaine de personnes partir de la maison et abandonner leur argent. Ils se sont demandé si ces 450 dollars valaient l’enfer, une question tout à fait valable. Le record est un départ après 5 h seulement sur place.
Ceux qui font le choix de rester sont uniquement ceux qui pensent ne pas avoir le choix : ils sont en fin de visa et s’accrochent aux 3 mois de « travail » ici pour obtenir leur second visa en Australie. Ceux-là sont les principales victimes, les piégés du cauchemar de Don. Et pour obtenir la « carotte » au bout du bâton, certains sont prêts à tout, quitte à devenir complices et à dénigrer les autres Backpackers.
Argent perdu mais esprit sauvé
Me concernant, j’ai fini par être virée de la maison au bout d’une semaine et demie. Je n’ai pas pu récupérer ma caution, j’aurai perdu de l’argent, de l’énergie, et ma foi en l’humanité y aura pris un coup.
Pour être sûr que je ne reste pas dans la maison, Don donna quelques précisions au reste des Backpackers : « si Wanda revient dans la maison et que vous la faites rentrer, je vous dégage tous de ma maison et vous pouvez aller vous faire voir ». J’ai donc été délicatement renvoyée à la porte par mes « amis » Backpackers qui avaient peur d’être eux aussi viré de la maison et dire adieu à leur visa. Une question se pose : jusqu’où seraient-ils prêts à aller pour obtenir leur second visa ? La réponse me fait peur…
Des autorités impuissantes
Avec d’autres Français, nous avons essayé de reporter ces faits à la police. Elle est malheureusement impuissante face à lui. Ils ne peuvent rien lui reprocher, la menace est morale et non physique, il est donc difficile de prouver ce qu’il inflige aux Backpackers. Toute la population de Mildura est au courant de son trafic, il est également bien connu en Australie pour son exploitation malsaine. Et aujourd’hui encore il sévit et ce n’est probablement pas le seul ! Les histoires de contractors malintentionnés ou peu scrupuleux semblent être monnaie courante en Australie comme en Nouvelle-Zélande d’ailleurs.
Devrais-je fuir les jobs avec contractor ?
Il est tout de même important de rappeler que tous les contractor travaillant en Australie ou en Nouvelle-Zélande ne sont pas des escrocs, bien heureusement. Une bonne partie d’entre eux sont consciencieux et respectueux des backpackers.
Comment éviter de tomber dans ce genre de piège ?
La meilleure façon de ne pas subir ces pièges à l’emploi est bien évident de ne pas tomber dedans et de les détecter en amont. Ainsi, avant d’accepter n’importe quel travail, essayez de vous renseigner au préalable sur internet et auprès d’autres backpackers pour connaitre leur avis et expériences, autant sur la ferme que sur le boss ou le contractor s’il y en a un.
Si vous rencontrez d’autres backpackers sur l’exploitation avec un employeur différent, discutez également avec eux, un avis extérieur est toujours intéressant !
Payer pour travailler : jamais !
Si on vous demande de l’argent avant même d’avoir commencé à travailler, mon conseil est de simplement tenter votre chance ailleurs. Rappelons tout de même la logique : vous offrez vos services pour travailler et être payé, ça ne peut et ne doit pas être l’inverse !
En cédant à ce type de chantage à l’embauche, votre employeur est bien trop en position de force : il sait que vous ne partirez pas, car vous avez laissé de l’argent, mais n’a lui aucune pression pour vous trouver une place, pourquoi se presser ?!
Ne pas attendre la fin du visa pour trouver un job
Que ce soit pour gagner de l’argent ou dans l’optique de renouveler votre visa WHV, offrez-vous toujours la possibilité de chercher ailleurs si vous n’êtes pas à l’aise dans votre job. Pour vous offrir l’option de partir, ne payez pas d’avance pour une place donc, et ne reportez pas indéfiniment vos recherches d’emplois.
Une fin de visa qui approche, un compte en banque qui sonne creux, voilà les faiblesses qu’exploitent en premier lieu les arnaqueurs à l’emploi pour leurs chantages. L’Australie est vaste et ne manque pas de travail, vous trouverez forcément chaussure à votre pied ! Tentez donc votre chance tout au long de votre WHV et pas seulement à la fin !
Enfin, si votre recherche d’emploi a pour but le renouvellement de votre Visa WHV, n’oubliez de demander le numéro ABN de la ferme (pour vérifier qu’ils sont en règle), et faite remplir immédiatement le formulaire 1263. Ceci pourrait vous éviter de mauvaises surprises en fin de contrat !
Trouver un (vrai) job en Australie, mode d’emploi
Comment réagir face à une arnaque à l’emploi ?
Tentez de discuter calmement. Si vous ne trouvez pas d’accords et que rien ne vous retient, ne perdez pas plus de temps avec cette personne ou ce boulot. Si une caution est retenue, ou qu’un quelconque chantage est opéré par l’employeur, vous pouvez le dénoncer auprès des autorités locales ainsi qu’à Fairwork (dénonciation anonyme possible). Vous trouverez d’ailleurs sur Fairwork :
- des fiches pratiques, y compris pour la résolution de conflits
- les lois et règles de l’emploi en Australie (pour vérifier que votre paie est légale par exemple)
Arnaque et abus dans le travail : vocabulaire anglais
– Scam = arnaque
– Bullying = harcèlement
– Coercion = contrainte
– Discrimination = discrimination
– To Report = dénoncer
Rester soudé entre backpacker et contacter les autorités
Dans tous les cas, n’allez pas directement au conflit, si les discussions n’aboutissent pas, il faut avant tout se protéger, et protéger les autres backpackers en restant soudés et solidaires.
Si vous êtes là pour obtenir son second visa, accepter ces pratiques équivaut à les mandater, et à participer à leur reproduction ailleurs. Sachez d’ailleurs que des demandes de renouvellement du visa ont été refusées dans le cas de job sous payés en Australie, comme le prouve l’exemple de cette backpackeuse anglaise. Rester dans une ferme aux pratiques douteuses est donc la dernière des bonnes idées, que ce soit pour profiter de son WHV ou pour espérer le renouveler.
Même si cette vidéo commence à dater (reportage de 2012), retrouvez ici le fameux Don et ses pratiques dénoncées par plusieurs backpackers internationaux (Vidéo en anglais). Au moins si vous le croisez, vous le reconnaitrez !
Chaud cette histoire, le pire c’est encore les backpackers qui se « prostituent » et niquent leurs semblable à coups de fausses promesses pour 10 malheureux dollars…
Boys sucked his dick to pay rent just as bad, I heard they almost committed suicide. That bloody Bastard Don. I hope he gets Coronavirus. What a shame to our Strayan community.