Installés dans notre tout nouveau 4×4 (c’est quand même bon de pouvoir repasser au-dessus de 100 km/h et d’avoir la clim sur les routes torrides de l’outback), nous reprenons la route avec pour objectif le fameux Kakadu National Park.
Après la vente de notre cher et regretté van, il nous a fallu nous organiser différemment pour la suite du voyage. Les prix des locations étant relativement exorbitants, nous nous sommes retournés vers les « relocations », un moyen d’obtenir un véhicule tout équipé pour la modique somme de 1 $ par jour (plus les extras).
La chance était avec nous, la relocation d’un 4×4 camper était justement disponible chez Apollo pour se rendre de Darwin à Alice Springs. Ce coup de bol se transformera finalement en l’une des pires galères qu’on ait vécues en Australie.
Les terres au sud de Darwin regorgent de beautés, d’histoire… et de crocos. De quoi contenter tous les types d’aventuriers ! Lors de notre remontée vers Darwin, nous avions rapidement fait escale au Litchfield National Park.
Parfait pour une étape d’un à deux jours, ce parc regroupe quelques-unes des plus belles cascades du pays. À l’inverse des chutes des Grampians, il était cette fois possible de se baigner dans les nombreux trous d’eau creusés par ces cascades. Et ici, pas de crocodiles, un vrai luxe ! Nous n’avions pas besoin de deux invitations, particulièrement avec la chaleur sèche qui règne pendant l’hiver dans ces contrées.
Loin d’être seuls à pouvoir profiter de ces bassins, nous nous sommes malgré tout régalés dans les eaux fraîches des Florence falls. Si vous passez par là, apportez un peu de mie de pain et jetez-en autour de vous. Vous devriez soudainement être entouré de nouveaux compagnons tout noirs et vraiment pas farouches. Je ne vous en dis pas plus.
À l’entrée du parc, on rencontre aussi les forteresses de terres élaborées par les « termites magnétiques ». Ces petites bêtes ont vraiment du génie et j’ai parfois envie de rejoindre B.Werber à l’idée qu’elles finiront par gouverner le monde. Souhaitons qu’elles ne soient pas trop pressées. Leurs constructions, qui peuvent atteindre plus de 5 mètres de hauteur, sont parfaitement alignées selon l’axe nord-sud afin d’obtenir une régulation optimale de la température en fonction des saisons. Et si elle ne se réfugie pas dans le sol, qui pourrait rendre le même genre de service aisément, c’est simplement parce que ces terres sont régulièrement inondées pendant la saison humide ». Génial, non ?
Quelques jours plus tard, et en ayant orienté notre propre boussole vers le sud, nous nous dirigeons donc vers le Kakadu National Park. Juste avant l’entrée du parc, et parce que nous n’avons pas encore vu les « bêtes » dans leur milieu naturel, nous nous arrêtons au Jumping Crocodile Cruise. Arrêt hautement touristique certes, mais qui vaut quand même largement le détour, ne serait-ce que pour se convaincre une fois pour toutes que la baignade n’est pas la meilleure activité locale. Une fois embarqués sur l’Adélaïde River, les maîtres des lieux aussi impressionnants que terrifiants se rapprochent un par un de notre embarcation (qu’on espère résistante). Ils semblent habitués aux shows qui ont lieu plusieurs fois par jour.
Ces crocodiles marins font entre 3 et 6 mètres d’envergure. Le regard noir, les dents affûtées, ils glissent tranquillement dans la rivière. Les organisateurs se servent alors d’une perche auquel ils accrochent un généreux morceau de barbaque. Après quelques chatouilles sur le museau à l’aide de cette « carotte », le reptile finit par se propulser dans les airs pour arracher l’appât. Un spectacle saisissant ! La petite balade nous aura également permis d’observer des ribambelles de faucons et un aigle de mer (le « sea eagle ») majestueux. Une vraie sortie touristique donc, mais qui n’en reste pas moins captivante.
Nous atteignons enfin le Kakadu en remontant le long de l’Arnhem Hwy. Cette branche du parc n’est pas des plus attractives, nous filons donc vers la pointe, Ubirr, où le coucher de soleil est, paraît-il, incroyable. Nous arrivons malheureusement un peu trop tard, le risque de percuter un kangourou avec le 4×4 de location cumulé à la trop grande distance nous invitant à lever le pied. Peu importe, nous en profitons dès le lendemain matin, après une nuit au camping tout proche, et après une panne complète de la batterie de notre nouveau véhicule (ce n’était que le début nos malheurs).
Dépannés par une bande de joyeux Allemands que nous remercions en nous délestant de quelques bières, nous arrivons vers 8 h au fameux site d’Ubirr. Les fresques aborigènes que nous découvrons sont remarquablement conservées, les plus belles que nous avons pu observer en Australie.
Nous avons la chance de tomber sur Dan, un Ranger du parc passionné et passionnant, qui nous expliquera les secrets qui se cachent derrière ces dessins. Ceux-ci peuvent être vieux de plus de 20 000 ans, les plus récents ayant moins d’une centaine d’années.
Ces peintures sont une véritable mémoire du monde et retracent les événements vécus par les aborigènes. On y découvre les transformations de la terre, la fin de la période glaciaire, l’arrivée des mers, rivières et animaux marins, l’évolution des techniques de chasse, l’arrivée de l’homme blanc…
Ces dessins forment des milles feuilles, ils se recouvrent les uns les autres, les « artistes » aborigènes semblant considérer que ce qui est nouveau, plus actuel, voire plus gros doit recouvrir ce qui appartient au passé. Le Ranger nous apprend aussi que le dessin est bien moins important que la démarche de dessiner en elle même. Pleins de considérations qui nous montrent à quel point cette culture est aux antipodes de la nôtre, et combien il est important de la respecter et de la protéger.
Nous grimpons ensuite au sommet des roches d’Ubirr pour y découvrir un panorama éblouissant. Des plaines recouvertes d’une végétation luxuriante et de nombreux points d’eau à perte de vue. Il ne manque que quelques girafes et éléphants pour se croire au milieu de l’Afrique. Une dernière étape à Nourlangie nous permet d’observer de nouvelles fresques magnifiquement conservées.
Peut-être avons nous été maudits en photographiant ces peintures rupestres ? La suite de notre aventure a en tout cas été subitement interrompue, notre véhicule de location ne pouvant nous mener plus loin que le milieu de la Kakadu Hwy. On vous raconte cette mésaventure ici !
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