De Townsville à Darwin : l’interminable ligne droite

Antonin

Nous avons plané et rêvé aux Whitsunday Islands et au-dessus de la barrière de corail, nous sommes vite redescendus sur terre lors de notre périple qui a suivi. Au programme, près de 3000 km de ligne droite, de désert, de chaleur, et de cadavres de kangourous.

Objectif : le nord !

Notre objectif est de rejoindre le Territoire du Nord, et plus précisément Darwin, pour tenter d’y vendre notre cher compagnon de route. Et oui, après 10 mois de voyage, on approche de la fin de notre épopée australienne.

Il est temps de s’organiser pour voyager léger lors des derniers jours, et ceci implique de nous séparer dès que possible du Kowagon. Mieux vaut y penser tout de suite, car certains se cassent les dents pendant des semaines voir des mois avant de vendre leur véhicule. D’autres doivent même se résoudre à le déposer sur le parking de l’aéroport. On préférerait ne pas avoir à vivre ça !

Après une étape rapide au Tax Office de Townsville pour la dernière déclaration de nos « énormes » revenus (en se débrouillant bien en Australie, il n’est pas compliqué de récupérer toutes les taxes prélevées dans l’année), nous nous enfonçons dans les terres, plein ouest. Ici règnent les villes qui ont fait leur richesse grâce aux mines d’or, comme Charters Towers, ou aux mines d’argent et de cuivre comme Mt Isa. Résolument orientée vers les travaux miniers, et du fait de la haute attractivité de la région, la population de ces villes est à très forte proportion masculine.

Pour l’anecdote, le Lonely Planet rapporte même qu’à Mt Isa en 2008 (où il y aurait 1 femme pour 3 hommes), le maire a « lancé un appel aux femmes au physique désavantageux » pour s’installer dans sa ville afin d’y trouver l’amour. Plutôt cocasse !

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Rapaces à Julia Creek

Entre ces cités minières, il n’y a rien, c’est le vide, le néant. La seule distraction du conducteur consiste à éviter de-ci de-là les cadavres des kangourous qui ont eu le malheur de croiser un 4×4 trop rapide ou un road train lancé à pleine vitesse. Ah oui, ces fameux « road trains », typiques de l’outback australien, sont des poids lourds qui peuvent faire jusqu’à 52 m de long et qui filent à près de 130 km/h dans ces paysages de no-mans land. Oui, on se croirait dans Mad Max.

Je ne vous raconte pas le confort de conduite quand l’un d’entre eux vous colle au fessier. Ne leur parlez pas de distances de sécurités, c’est du japonais ici ! Nous trouvons un peu de réconfort lors de quelques haltes où nous observons entre autres les rapaces (aigles et faucons) qui occupent et se régalent largement dans la région. Le soir venu et avec lui l’arrêt du van tant attendu, nous avons aussi pu nous délecter de quelques nuits étoilées hors du commun. Ça peut avoir du bon d’être au milieu du vide !

Le Road Train, un monstre des routes
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Entrée dans le territoire rouge

La frontière avec le Northern Territory passée, et après 500 km supplémentaires à l’ouest, nous remontons enfin vers le nord, le Top End comme on l’appelle ici. Les terres tournent ici à l’ocre et au rouge, et on voit apparaitre aux bords des routes des dizaines de termitières aux dimensions impressionnantes.

Lorsqu’on traverse une petite ville, un sentiment étrange se dégage. D’abord à cause de l’inactivité et du calme qui y règnent en pleine journée, mais aussi et surtout à la vue des groupes d’Aborigènes qui déambulent dans ces coins, et qui honnêtement font peine à voir. En voyant cela, on ne peut que déplorer l’impact de notre société occidentale sur ces cultures ancestrales.

Termitières en bord de route

Au 4e jour de notre odyssée, nous atteignons enfin Darwin. La capitale du Top End semble plutôt propre et accueillante. La visite attendra un peu, nous avons déjà 2 acheteurs potentiels qui veulent voir notre bolide.

Direction le car wash pour ramener Kowagon a ses plus beaux jours, nous savons maintenant que le moteur peut survivre à tout, il ne reste plus qu’à dépoussiérer la bête de toute la terre rouge du voyage. Nous rencontrons les premiers acheteurs, un couple germano-français qui bosse sur place. Ils sont super sympas, et semblent vraiment intéressés, ça démarre bien !

Visite de Darwin

Les journées suivantes, entre les visites et l’attente des réponses, nous explorons la ville. Premier constat : nous ne sommes pas seuls !

Darwin nous offre le plus gros regroupement de backpackers que nous ayons vu jusque là. Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un tour à Mindle beach, le parking ressemblant à rassemblement de tuning, mais avec van et break le plus souvent délabrés à la place des Clio tunées. Le soir venu, le tout prend des airs de mini Woodstock, sans la bonne musique. Nous ne sommes pas certains que les darwiniens apprécient ce squattage sauvage.

Le jeudi et le dimanche soir, la ville reprend ses droits et le parking de Mindle se transforme en marché nocturne qui regroupe facilement la moitié de la ville. Rien n’y est bon marché, mais le rendez-vous vaut le coup d’être vécu. Au milieu des stands de nourriture thaïe, chinoise ou américaine qui inondent les lieux, on peut apprécier quelques spectacles de fouet, des concerts de didjiridoo endiablés et plusieurs étales d’art aborigène.

En bref, il y en a pour tous les gouts ! Hormis cette sortie, Darwin nous a semblé surtout sympa pour s’y prélasser, entre le gazon vert du lagoon jusqu’aux nombreuses plages, les possibilités sont nombreuses ! Pour la petite histoire, après nous avoir bien laissé mijoter, notre première visite du van a finalement été la bonne. Une vente réalisée en 3 jours et à Darwin, c’est plutôt une performance honorable.

Comment allons nous maintenant voyager vous allez me dire ! On vous raconte tout ça au prochain épisode !

Centre ville de Darwin
Centre-ville de Darwin

Nos conseils pour entreprendre cette traversée

  • Pour les « chanceux » qui prévoient ou s’apprêtent à emprunter le même itinéraire que nous, nous conseillons la halte à Julia Creek pour un pique-nique (tables, eau, prises disponibles et pleins de rapaces à notre passage à côté du lac artificiel), et le camping gratuit du Lake Corella pour une nuit sous les étoiles, un spot qui semble d’ailleurs très apprécié de nos amis australiens (si la barrière est fermée à l’entrée, ce n’est normalement pas cadenassé, ouvrez et refermez derrière).
  • L’essence reste abordable à Charters, Hughenden, Mount Isa, Tennant Creek et Katherine, pour le reste, ça frôle les 2 $ le litre (unleaded et diesel). Le mieux est d’avoir une autonomie d’environ 700 km pour éviter toutes les pompes hors de prix.
  • Vous pourrez aussi vous offrir une douche chaude et réparatrice à la Station Coles Express à la sortie de Mt Isa. Garez-vous derrière la station et profitez, c’est gratuit !
  • Une fois à Darwin, pour dormir dans votre véhicule nous n’avons pas eu de problème pendant 3 jours aux abords du cinéma de plein air à côté du port (mais rien ne dit que ça durera). Pour les douches, elles sont gratuites à Mindle Beach et au Lagoon.

Antonin

Je suis l'ancien et le sage du duo, ou pas... 30 ans fêtés chez les kangourous, en me jetant dans le vide à 4500m d'altitude au dessus de Rainbow beach pour l'anecdote. J'ai aussi eu une histoire d'amour de 4 ans avec Montréal qui fut l'occasion de vadrouiller sur ce nouveau continent : le Pérou, les Rocheuses, l'Ouest américain, l'Alaska... J'ai tenté l'aventure australienne pour m'offrir un grand bol d'air et de découvertes! Pari gagné...

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