Les règles en voyage : comment gérer son flux comme une cheffe ?

Julie

Pourquoi les règles se dérèglent en voyage ? Coupe menstruelle, tampons, pilule en continu, quelle protection périodique choisir ? Explications et conseils pour mieux comprendre ses règles en voyage et surtout… Bien les vivre !

Les règles, les menstrues, les Anglais qui débarquent… Peu importe comment on les appelle : elles sont bien là et vous suivent, même en voyage! Dans la vie sédentaire, c’est déjà une bonne galère : trouver les bonnes protections périodiques, survivre aux migraines et maux de ventre, prévenir les fuites… Les règles en voyage, c’est pareil, mais en pire : mêmes problèmes, mais l’intimité et le confort en moins.

On a donc décortiqué toutes les questions qu’on peut se poser sur les règles en voyage et leur gestion : Pourquoi elles se décalent en voyage ? Coupe menstruelle, tampons, serviettes, quels avantages et inconvénients ? Prendre la pilule en continu, est-ce que c’est dangereux ? Comment garder une hygiène intime et éviter les infections ? On vous explique tout.

Les règles, comment ça marche ?

Avant d’écrire cet article, j’avoue que ma définition des règles était « un truc relou qui arrive chaque mois et fait mal au ventre ». En fait, c’est un processus complexe et fascinant…

La menstruelle, le podcast qui parle de règles

Pour entrer dans le sujet, je vous conseille d’écouter quelques épisodes de La Menstruelle : un podcast dans lequel des filles parlent de règles. Ce n’est pas révolutionnaire, mais il y a toujours des petits conseils à grappiller, et, surtout, ça fait un bien fou d’entendre parler de flux, de tampon et fuites en toute liberté !

Les règles ne sont pas bleues
Première chose à savoir : Non, nos règles ne sont pas bleues. © Gagneet Parmar

La vie fascinante de nos utérus

L’histoire de la vie commence dans nos ovaires. Leur premier rôle, c’est de stocker les ovocytes, le temps qu’ils soient assez mûrs pour aller draguer le spermatozoïde. Leur deuxième rôle, c’est la production d’hormones : les œstrogènes et la progestérone.

Les œstrogènes sont préposés à l’ovulation : leur mission, faire mûrir nos ovocytes. Une fois qu’un ovocyte est prêt, il est lâché dans nos trompes : il prend la direction notre utérus, en espérant rencontrer un spermato avec qui s’acoquiner sur la route. La progestérone, elle, stimule l’utérus pour qu’il se prépare à recevoir un bébé : sous ses ordres, l’endomètre s’épaissit pour constituer au futur embryon un petit matelas douillet.

Tant que de la progestérone est produite, notre corps reste en attente de ce bébé : notre cycle est à l’arrêt, l’utérus reste tout prêt, tout chaud, et ne se contracte pas.

Après l’ovulation, deux cas de figure :

  • Notre ovocyte a rencontré un spermatozoïde à son goût. Ils ont batifolé dans la trompe, et l’ovule ainsi créé, transformé en embryon, est descendu se blottir dans l’utérus. Dans ce cas, l’embryon stimule sans cesse la production de progestérone, pour que notre utérus reste ce petit antre chaud et accueillant : pas de cycle, pas de contractions, l’endomètre est tout moelleux.
  • Mais si il n’y a pas de fécondation, et donc pas d’embryon pour stimuler la production de progestérone, alors notre corps cesse de la produire : le nid douillet s’auto-détruit ! L’utérus se contracte, l’endomètre se désagrège, et paf, ce sont les règles.

Pourquoi les règles sont déréglées en voyage ?

Contrairement à ce qu’on pense, les règles, ce n’est pas un processus automatique : c’est intimement lié au cerveau, et notamment à l’hypothalamus qui gère la production d’hormones. Or, l’hypothalamus est TRÈS pénible sensible à ce qui l’entoure, et plusieurs facteurs peuvent perturber vos règles en voyage. Martin Winckler, médecin et auteur de Tout ce que vous vouliez savoir sur les règles… Sans jamais avoir osé le demander, les cite :

  • médicaments
  • stress (« Je dors où ce soir ? »)
  • fatigue (vous ne feriez pas un peu trop la fête ?)
  • amaigrissement (une petite tourista ?)
  • effort physique (des randos tous les jours ?)
  • infections (une infection urinaire ?)
  • maladie (on ne vous le souhaite pas…)
  • émotions (« OMG mais que c’est beau l’Australie ce coucher de soleil me fait pleurer toutes les larmes de mon corps » – 10 seconde plus tard – « RAAAAA mais cette araignée est ÉNORME je HAIS tous les êtres vivants de ce pays de dingues ! »)

L’exposition à ces facteurs a tendance à raccourcir, prolonger voire mettre en sommeil le cycle. Et donc : avoir des règles rapprochées, éloignées, plus ou moins abondantes, voire ne pas avoir de règles du tout… Ça a été mon cas en PVT Argentine : je n’ai pas eu de règles pendant trois mois !

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Les règles en voyage : comment gérer son flux ?

À moins que vous ayez une capacité à manipuler votre hypothalamus pour qu’il évite de déclencher la production de progestérone, si vous partez pour un long voyage (comme pour un PVT), vous risquez fort d’avoir vos règles. Avec tous les à-côtés que nous aimons tant : maux de ventre, fuites, fatigue… Et un petit plus qu’apporte le voyage : l’incertitude quant au jour d’arrivée de nos règles. Super.

Coupe ou tampon ? Telle est l’une des questions.

J’ai donc récolté des témoignages de voyageuses, et fait un classement des solutions les moins adaptées au plus adaptées pour les règles en voyage. Bien sûr, c’est un classement subjectif, car il y a presque autant de solutions que de femmes !

Le conseil absolu : tester sa protection périodique AVANT de partir !

Il y a presque autant de manières de gérer ses règles que de femmes… Mais une chose ressort de tous les témoignages : si vous souhaitez tester une nouvelle méthode de protection périodique, alors faites-le au minimum 3 ou 4 mois avant de partir. Ça vous permettra de mieux percevoir ses avantages et inconvénients en voyage !

Les serviettes jetables

Commençons par la plus classique (mais pas la plus pratique) : l’éternelle serviette jetable. Pour moi, dans un contexte de voyage, elle cumule tous les désavantages : super polluante, pas toujours possible de la jeter sur le moment… En plus d’être volumineuse à transporter et d’empêcher de se baigner.

Protections périodiques : 150 kilos de déchets dans une vie !

Selon Libération, une femme jetterait en moyenne 100 à 150 kilos de tampons, serviettes et applicateurs usagés au cours de sa vie. Des protections qui polluent aussi bien lors de leur fabrication (eau en grande quantité et pesticides pour faire pousser le coton, usage de produits chimiques pour le blanchir…) qu’après leur utilisation, puisqu’elles sont composée entre autres de plastique et mettent 500 ans à se dégrader.

Un de ses seuls avantages est peut-être de limiter (un peu) le risque d’infection pour celles qui y sont très sujettes : le sang ne stagne pas à l’intérieur de vous, et vous avez moins de contact entre vos mains (pas toujours très propres) et vos muqueuses. Malgré tout, il me semble que ce n’est ni le choix le plus pratique, ni le moins polluant.

Les avantages des serviettes ?

  • Pas de lavage : on s’en sert et on la jette.
  • Moins de risques d’infection qu’avec les tampons.

Les inconvénients des serviettes ?

  • Super polluant.
  • Des composants parfois controversés, accusés d’être cancérigènes, toxiques, perturbateurs endocriniens… Encore plus quand on est loin des normes européennes !
  • Obligation de la changer souvent… Et donc de trouver des toilettes régulièrement.
  • Pas toujours de poubelle à disposition : vous devrez parfois la balader avec vous.

Serviettes lavables et culottes menstruelles

Version zéro déchets de la serviette lavable : les serviettes hygiéniques lavables, et leur version intégrée au sous-vêtement, les culottes menstruelles. Contrairement aux protections lavables de nos grand-mères, celles d’aujourd’hui sont fines, confortables, sans odeur, en matières bios

Les avis de Claire et Amélie

Sur le papier, tout ça a l’air génial. Mais notre envoyée spéciale culotte menstruelle, Claire, a testé les Fempo… Et n’est pas convaincue. D’abord, parce qu’en cas de flux important, elle les trouve beaucoup moins absorbantes que des serviettes jetables et a la sensation de « baigner dans son sang ». Mais surtout, elle explique que si ces serviettes et culottes menstruelles absorbent très bien le sang, elles absorbent aussi très bien l’eau utilisée pour les laver… Et mettent des plombes à sécher !

Amélie, de son côté, utilise des culottes menstruelles Fempo et Marguette. Dans son quotidien sédentaire, elle en est fan… Mais elle confirme que le temps de séchage est important : pas toujours évident à utiliser quand on n’a pas de machine et d’étendage à disposition.

Résultat : une protection pas très pratique en voyage ?

Ainsi : pour l’utiliser pendant ses règles en voyage, il faut acheter en grande quantité car elle met longtemps à sécher. C’est donc une protection volumineuse dans le sac, coûteuse, et qu’on doit trimballer pendant trois jours à l’extérieur de son sac à dos pour qu’elle sèche – pas hyper glamour. Tout ça ne me parait pas très pratique… Mais bon, si vous avez une bonne expérience avec des serviettes lavables ou une culotte menstruelle en voyage, on vous laisse nous la raconter !

Les avantages des serviettes lavables ou culottes menstruelles ?

  • Ne polluent pas.
  • Moins de risques d’infection qu’avec des tampons.

Les inconvénients des serviettes lavables ou culottes menstruelles ?

  • Fuites possibles, surtout si vous avez un flux abondant.
  • Mettent longtemps à sécher (pas pratique dans un contexte de voyage)
  • Coûtent cher. Compter de 10 à 20 € pour une serviette lavable, et de 30 à 40 € pour une culotte menstruelle (et il vous en faudra plusieurs).
  • Vous ne pouvez pas vous baigner, sauf avec un maillot de bain menstruel (ou en complétant avec une autre protection périodique).

Les tampons jetables

Non, je vous assure, je n’aime pas les déchets… Mais je ne suis toujours pas passée à la cup, désolée, pardon la planète. Pour moi, le tampon est ce qu’il y a de plus pratique, y compris en voyage : c’est tout petit, ce n’est pas très cher (mes règles durent seulement 3 jours), j’ai pu en glisser dans tous mes sacs ET dans celui de mon copain (ce qui m’a bien servi à 2 heures du matin avant de prendre un bus de 12 heures en Bolivie, pour ne citer qu’un exemple…).

Le seul (mais énorme) inconvénient : le jeter. Non seulement parce que ça pollue, mais aussi, tout simplement parce qu’il faut trouver un endroit où le jeter ! Donc, oui, il m’est arrivé plusieurs fois de trimballer mon vieux tampon pendant des heures. On n’a pas dit que la vie sauvage était glamour.

Du coup, si pour une raison ou pour une autre vous n’êtes pas à l’aise avec la coupe menstruelle (l’équivalent du tampon en zéro déchets, on en parle dans le chapitre suivant), le tampon est une bonne protection pour le voyage. Pour limiter les déchets, prenez-le sans applicateur (c’est toujours un peu moins de plastique !).

Les avantages des tampons ?

  • Pratique : on peut se baigner, faire de la rando, le poirier, du cheval, et même sourire bêtement comme dans les pubs pour tampons des années 90.
  • Petit, facilement transportable.
  • Pas de lavage nécessaire : on s’en sert, on le jette.

Les inconvénients des tampons ?

  • Super polluant.
  • Des composants controversés… Encore plus quand on est loin des normes européennes !
  • Pas possible de l’acheter partout : par exemple, les voyageuses rapportent qu’au Japon, il est introuvable.
  • Obligation de le changer souvent… Et donc de trouver des toilettes régulièrement – ou au moins un arbre derrière lequel se planquer lors de l’extraction/insertion.

Comment (bien) utiliser les tampons en voyage ?

Bon, on ne va pas vous refaire un cours sur comment l’insérer, mais plutôt appuyer sur quelques détails qu’on a tendance à oublier et qui, en période de vie sauvage, reprennent toute leur importance :

  • Bien se laver les mains avant de l’insérer. Si vous n’avez pas de savon, utilisez du gel hydro-alcoolique. Et si vous n’avez ni savon ni gel hydro-alcoolique, alors faites au moins un rinçage soigneux de vos mains ! Car vos muqueuses sont un petit univers tout chaud dans lequel les bactéries seront ravies de se développer…
  • Le changer souvent. Pas seulement pour éviter le syndrome du choc toxique – finalement assez rare – mais surtout pour prévenir toutes sortes d’infections désagréables, comme les infections urinaires.
  • Quand le flux est faible, le remplacer par une serviette hygiénique (ce que, je vous rassure, je ne fais pas du tout). En effet, d’après ce que j’ai lu, le mettre en dehors des périodes de règles multiplie les risques d’infection.
  • Si vous êtes sujette aux infections urinaires, il faut bien avouer que les serviettes hygiéniques, tampons et coupes menstruelles font stagner le sang en interne – facilitant la reproduction des bactéries… Si c’est votre cas, on vous conseille d’emporter un traitement contre l’infection urinaire à demander à votre médecin. Voire, si c’est quelque chose qui vous stresse, de considérer la prise de pilule en continu pendant votre voyage pour ne pas avoir de règles (on en parle plus bas).

Faut-il craindre le syndrome du choc toxique ?

Le syndrome du choc toxique (SCT), potentiellement mortel, est souvent associé aux tampons. Ses symptômes : une fièvre de plus de 40°C, vomissements, courbatures. Mais Martin Winckler relativise le risque : en 2002-2003, il y aurait eu d’après lui seulement 4 cas en France… Inutile de vivre dans la peur, donc.

La coupe menstruelle

Mesdames et messieurs, voici la coupe menstruelle, ou cup pour les intimes.

Pour celles qui ne connaitraient pas, la coupe menstruelle, c’est un récipient de silicone qu’on insère dans le vagin, comme un tampon. Il faut le vider et le nettoyer régulièrement pour éviter que le sang stagne à l’intérieur.

La coupe menstruelle semble être la solution idéale pour gérer vos règles en voyage. Son gros avantage : vous ne polluez pas la planète, et vous n’avez pas à vous trimballer 12 kilos de tampons. Son inconvénient principal : c’est son lavage ! Car à moins de voyager avec votre maison sur le dos, il n’est pas toujours évident de trouver un endroit où la faire bouillir…

L’expérience de Thalya avec la cup

Notre spécialiste en cup, Thalya, s’en est servie tout au long de son voyage en Amérique latine – et en est ravie. Pour elle, la question de la stérilisation mensuelle a vite été évacuée : même en dormant en auberge de jeunesse, elle a toujours trouvé quelques minutes pour la faire bouillir quand plus personne n’était dans la cuisine.

Ce qu’elle estime plus problématique, c’est plutôt le fait de ne pas pouvoir la nettoyer à chaque fois qu’elle l’enlève : parfois, elle n’avait pas d’eau à disposition… Elle l’a donc parfois juste vidée, et remise.

Les avantages de la coupe menstruelle ?

  • Pratique : on peut se baigner, faire de la rando, rigoler, profiter de la vie.
  • Légère, petite, facilement transportable.
  • Pas de pollution : la planète vous dit merci !

Les inconvénients de la coupe menstruelle ?

  • Nettoyage et stérilisation qui nécessitent un peu d’organisation et de matériel
  • Manipulation pas évidente au début : on vous conseille de la tester quelques mois avant le départ.
  • Comme le tampon, peut être source d’infections.

Comment utiliser sa coupe menstruelle en voyage ?

Ainsi, l’utilisation de la coupe menstruelle peut être un peu compliquée en voyage, mais Thalya et de nombreux blogs donnent tout un tas de solutions pour y arriver, même en voyage.

  • Stériliser sa coupe menstruelle à l’auberge de jeunesse, le soir, quand il n’y a plus personne. L’idéal serait de le faire tous les jours mais, si c’est trop compliqué, une stérilisation au début et à la fin du cycle peut suffire.
  • Il existe aussi des boites de stérilisation fonctionnant avec de l’eau bouillante ou un micro-onde.
  • Quand vous ne la stérilisez pas, vous pouvez la laver au savon en la rinçant bien.
  • Utiliser du gel hydro-alcoolique avant chaque insertion, pour se laver les mains.
  • L’idéal est d’emmener sa gourde aux toilettes, pour pouvoir au minimum la rincer avant chaque insertion.
  • Certaines préconisent d’emporter deux coupes menstruelles en voyage, pour toujours en avoir une propre.

Comment bien choisir sa coupe menstruelle ?

La taille, le matériau et la rigidité de votre cup va dépendre de plusieurs choses. D’abord, votre âge, votre flux, le fait que vous ayez déjà eu des enfants ou pas, sont autant de critères qui vont jouer sur la taille de la cup : petite pour une jeune femme sans enfants, plus grande si vous êtes plus âgée et que vous avez déjà accouché.

Ensuite, le fait d’être sportive ou pas joue sur la rigidité de la cup : plus votre plancher pelvien est musclé, plus il faut qu’elle soit rigide. Pour le reste, c’est en fonction de vos allergies éventuelles à certains matériaux (caoutchouc, thermoplastique, silicone), et de votre éthique d’achat.

Marques et modèles

Quelques marques intéressantes : la So’Cup (avec son stérilisateur) qui a l’avantage d’être faite en France, la OrganiCup en silicone médical garanti sans allergies, ou encore la Athena pour son petit prix.

Prendre la pilule en continu

Prendre sa pilule combinée en continu, c’est la solution pour laquelle avait opté Sarah lors de son PVT Nouvelle-Zélande. Car pour elle, le gros risque de tout type de protection, c’est l’infection urinaire, qui vient régulièrement lui rendre visite… Elle fait donc tout pour éviter que des bactéries stagnent dans les endroits sensibles !

Contrairement à ce que l’on pense parfois, d’après Martin Winckler, prendre la pilule en continu ne pose aucun problème médical : les règles sous pilule étant souvent artificielles, elles ne servent « médicalement parlant, à rien ». La pilule en elle-même a quelques effets secondaires et risques (plus ou moins avérés) pour la santé, mais pour lui, le fait de la prendre en continu n’y change rien.

Il explique :

Aux tout début de leur commercialisation dans les années 60, les premières pilules combinées étaient prescrites chaque jour, 365 jours par an, ce qui évidemment supprimait les règles. Les doses d’hormones contenues dans les pilules de l’époque étaient plus fortes et provoquaient des effets secondaires qui ressemblaient à ceux d’une grossesse, ce que beaucoup de femmes ne supportaient pas bien. Les concepteurs de pilules combinées ont donc proposé le schéma 21 jours de prise/7 jours d’arrêt pour créer un « cycle artificiel » qui soit rassurant pour les utilisatrices. Mais cette interruption d’une semaine « pour avoir des règles » n’est pas indispensable. On peut se passer de saignements sans danger en enchaînant les plaquettes de pilules, les anneaux ou les timbres/patchs.

Martin Winckler, médecin

Alors certes, l’idée de prendre un médicament en continu ne fait pas forcément envie… Mais d’un autre côté, rien ne sert de vous pourrir la vie avec des infections urinaires permanentes pendant votre année de voyage. Solution à considérer, donc, en fonction de votre profil, et toujours en concertation avec votre gynéco !

Les avantages de la pilule en continu ?

  • Pas ou peu de règles : problème résolu.
  • Vous avez une contraception en bonus.

Les inconvénients de la pilule en continu ?

  • Un peu volumineuse à transporter : un an de pilule, ça prend de la place !
  • Il faut penser à la prendre tous les jours… Pas évident quand toutes nos habitudes sont perturbées.
  • Il peut y avoir des effets secondaires à la prise en continu. Le spotting (petites règles récurrentes) est le plus connu.
  • La pilule peut présenter des risques pour la santé (risques cardio-vasculaires notamment).

Comment obtenir la pilule pour un an ?

Si vous décidez de prendre la pilule en continu, alors le mieux est d’acheter en France un stock pour un an. Pour ça, demandez à votre médecin, gynéco ou sage-femme une ordonnance spécifiant que vous faites un voyage d’un an.

Ensuite, allez à la pharmacie. Certains pharmaciens refuseront de vous la donner pour plus de trois mois. La solution : soit aller dans plusieurs pharmacies (jusqu’à ce qu’un pharmacien compréhensif accepte), soit en demandant à leur médecin deux ordonnances de six mois… Bref, c’est à la débrouille, mais a priori la plupart des voyageuses ont réussi à l’obtenir !

En revanche, pour être remboursé au-delà de 3 mois, il faudra faire une demande écrite à la Sécurité sociale. Ce n’est pas garanti… Mais c’est à tenter !

Conseils pour transporter la pilule

Pour le transport, certaines pilules supportent mal le voyage en soute, à cause des températures basses… On vous conseille donc de vous renseigner auprès de votre pharmacien. Lors du transport en avion, et encore plus si vous les transportez en cabine, il vous faudra avoir votre ordonnance, ainsi que les boites d’origine.

Bonus : le flux instinctif libre

Pour finir, petit zoom sur une technique improbable : le flux instinctif libre (ou FIL), soit le fait de retenir son sang et de le lâcher tout simplement quand on va aux toilettes. La technique est basée sur l’écoute de soi, et la capacité à sentir le flux arriver et filer aux toilettes.

C’est donc une technique assez fascinante… Mais s’il y a une situation qui ne s’y prête pas du tout, c’est bien le voyage : pas toujours accès aux toilettes, stress, l’activité physique qui rendent la concentration sur son flux difficile… Sans compter certains articles comme celui de dansmaculotte qui questionnent les risques pour la santé d’une stagnation du sang dans le vagin.

Bref, c’est une technique qui me parait complètement inadaptée au voyage… Mais j’invite celles qui l’ont testée à nous raconter tout ça en commentaire !

Comment lutter contre le syndrome pré-menstruel ?

On a parlé flux, parlons maintenant de l’autre grand bonheur des règles : les syndromes pré-menstruel, SPM pour les intimes, cette combinaison de maux de ventre, migraines, seins qui font mal, fatigue, irritabilité et autres joyeusetés.

Dans la vie sédentaire comme en voyage, il n’y a pas grand-chose à y faire, si ce n’est adapter ses activités à son état physique. Mais sachant que le voyage peut accentuer le SPM, et que vous n’avez pas toujours la possibilité de vous reposer les premiers jours, il est utile de penser à quelques solutions avant de partir…

Prendre la pilule (ou tout autre contraceptif hormonal)

D’après Martin Winckler, prendre la pilule peut parfois aider à supporter des règles très douloureuses : elle peut en réduire la durée, réduire les contractions de l’utérus, les migraines, la rétention d’eau, le syndrome pré-menstruel…

Il précise cependant que tout ça dépend des femmes… Donc, si vos règles sont un enfer, allez consulter votre gynéco avant de partir et voyez avec elle/lui. Notre seul conseil (et je parle d’expérience) : ne commencez pas une pilule juste avant de partir, mais au minimum quelques mois avant, pour ne pas en découvrir les effets secondaires au milieu de votre voyage !

Médicaments antidouleur

Martin Winckler cite trois médicaments principaux pour lutter contre les symptômes du SPM :

  • Le paracétamol : Doliprane, Dafalgan. Globalement, c’est le mieux toléré.
  • L’Ibuprofène, est lui aussi plutôt bien toléré.
  • L’aspirine, mais comme elle a une action anticoagulante, mieux vaut la prendre seulement quand vous n’avez rien d’autre et surtout, en petites doses.

Le mieux est de demander à votre médecin, lors de la visite pré-voyage (oui, parce qu’il faut faire une visite prévoyage, on vous raconte ça dans un prochain article), quels médicaments sont adaptés à son profil, vos douleurs, et vos éventuelles allergies.

Les plantes qui soulagent

Si vous détestez les médicaments, il reste la solution naturelle : les plantes, à prendre en infusion, gemmothérapie, teinture-mère… Quelques exemples :

Il y en a d’autres. Pour chacune, renseignez-vous sur la posologie ; dans l’idéal, allez consulter un(e) naturopathe ou un(e) herboriste qui vous posera des questions précises sur vos besoins et vous prescrira le plus adapté pour vous. Car les plantes, bien que naturelles, sont puissantes ; mal utilisées, elles peuvent être inefficaces… Voire dangereuses !

La bouillotte portable

Si vos règles vous font vivre un enfer, un accessoire peut être utile : des petites chaufferettes, à appliquer sur son ventre. Bien sûr, ça alourdit un peu votre sac : mais si les spasmes sont intenses chez vous, alors ça vaut le coup d’en glisser une ou deux dans son sac.

Accessoires pour des règles bien vécues

Voici une liste d’accessoires qui peuvent vous aider à bien gérer vos règles. Le but n’est pas de surcharger votre sac, mais plutôt de piocher dedans ce qui vous parait utile, en fonction de la sévérité de votre SPM et votre protection périodique.

Gérer le flux

  • Dans tous les cas : quelques serviettes et/ou tampons pour les cas d’urgence.
  • Un stock de la protection de votre choix. Pour la coupe menstruelle, l’idéal est d’en avoir deux. Pour les serviettes lavables et culottes menstruelles, 4 ou 5 sont nécessaires.
  • Du gel hydro-alcoolique pour se laver les mains
  • Une gourde pour avoir de l’eau aux toilettes, quel que soit le contexte.
  • Eventuellement, une boite de stérilisation pour coupe menstruelle.

Lutter contre le SPM

  • Une boite de Doliprane ou d’Ibuprofène.
  • Quelques plantes : par exemple, un stock de feuilles de framboisier à faire en infusion.
  • 2 chaufferettes qui vous serviront de bouillotte.

Applications

  • Clue (iOS ou Android) pour suivre votre cycle : règles, ovulation, humeur, symptômes physiques…
  • My Therapy (iOS ou Android) : une application de rappel de pilule, mais aussi suivi de votre plaquette, de votre état de santé, etc.

À demander au médecin

Votre voyage ou demande de PVT vous imposera probablement de faire un certificat médical. C’est l’occasion de solliciter votre médecin pour qu’il vous donne des conseils et des prescriptions :

  • Une ordonnance pour la pilule pendant 1 an, si vous la prenez.
  • Si vous y êtes sujette, un traitement à prendre en cas de cystite.
  • Une prescription ou des conseils pour gérer vos douleurs de règles et votre syndrome pré-menstruel.

Julie

En m'approchant (dangereusement) de la trentaine, j'ai eu envie de prendre un peu d’air frais pour cette décennie qui commence. Après un premier bain de pieds en Turquie en 2015, c'est le grand plongeon début janvier 2017, avec un PVT Argentine, cette fois en compagnie de mon amoureux de presque toujours, Romain. Notre devise de voyage : curiosité, improvisation et contemplation !

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Béa
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Béa
3 mars 2020 23:04

Bravo pour l’article !
J’ai opté pour la coupe menstruelle mais de retour en France et parce qu’au travail j’ai des toilettes avec lavabo, sinon c’est vrai que c’est un peu galère pour la vider…
Prochain article sur la contraception en voyage ? Avant de partir pour une durée indéterminée, j’ai supplie à ma gynéco de me prescrire un stérilet, et ça m’a changé la vie !
Encore bravo pour l’article ?

Gabion
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Gabion
3 mars 2020 16:28

j’utilise des culottes menstruelles en voyage au long court. j’ai pris 2 marques: smoon et fempo. j’en suis ravie. concernant le lavage/séchage, je le gère très bien. j’ai 3 culottes: une sur moi, une qui sèche et une propre et sèche je lave le soir ou (le matin) à la main et (pour le moment) le lendemain (ou le soir) elle est sèche. dès que j’ai accès à une machine à laver je les lave en machine pour le prochain cycle. j’avoue avoir un flux peu abondant donc c’est très pratique. alors oui c’est un investissement, mais ça vaut vraiment… Lire la suite »

Cathy
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Cathy
3 mars 2020 16:01

Ici c’est cup, depuis pas mal de temps, je ne reviendrai pour rien au monde en arrière!!

Cathy
Follower
Cathy
3 mars 2020 16:02
En réponse à  Cathy

et je précise qu’il n’y a pas que le fait de prendre la pilule en continu qui permet de ne plus avoir de règles: certaines femmes n’en ont plus avec un stérilet aux hormones ou un implant! J’ai perso un implant mais je ne fais pas partie de ces femmes là, mais pour certaines ça marche!

Celine
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Celine
3 mars 2020 15:37

Pour moi la culotte de règle a révolutionné le voyage !
Zéro fuite, que ce soit sur des trajets de 18h de bus ou en rando pendant 7h… Une vraie merveille ! ?
Pour le lavage/sechage. J’avais trois fempo avec moi pour 6 mois de voyage.
Je n’ai pas eu de désagrément, je recommande vivement cette solution !

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